Ce que j'ai appris de ma rencontre avec M. Olivier Bancoult à Washington DC
- Shailesh Jhugroo

- 10 oct. 2023
- 3 min de lecture

Il y a quelques semaines, j'ai eu le privilège de rencontrer M. Olivier Bancoult, lors d'une réunion de Human Rights Watch à Washington, D.C. En écoutant son discours devant un public captivé, j'ai réalisé qu'il était le David moderne dans un le drame qui se déroule dans la recherche de justice contre toute attente, qui n'est pas sans rappeler la bataille séculaire entre David et Goliath. En tant que président du Chagos Refugees Group, il se présente comme un formidable champion menant une bataille difficile contre le Royaume-Uni et les États-Unis devant les tribunaux – une bataille qu'il est indéniablement en train de gagner.
Nous avons échangé des plaisanteries en créole - même si M. Bancoult est d'origine africaine et moi d'origine indienne - nous sommes tous deux originaires de l'île Maurice, un vaste territoire océanique comprenant une centaine d'îles ! Je suis né sur l'île principale, Maurice, tandis que M. Bancoult est né à Peros Banhos, à environ 1 200 milles au nord-est de Maurice.
Notre histoire nous ramène à 1973, lorsque le gouvernement britannique, de mèche avec le gouvernement américain, a expulsé de force les Chagossiens de leurs maisons. Le sinistre objectif de cette expulsion était d’ouvrir la voie à l’établissement d’une base militaire américaine à Diego Garcia, qui était un territoire mauricien. Dans ce processus cruel, des agents anglo-américains ont rasé les maisons des Chagossiens et ont cruellement ôté la vie à leurs chiens de compagnie bien-aimés.
En note de bas de page effrayante de ce sombre chapitre, le New York Times a rapporté que le gouvernement britannique avait reçu une réduction dérisoire de 14 millions de dollars sur son achat de missiles Polaris aux États-Unis en compensation de cet acte odieux.
Cependant, les implications de ces actions vont bien au-delà de la simple géopolitique. Premièrement, la déportation est un crime contre l’humanité, un verdict prononcé pour la première fois lors du procès historique de Nuremberg contre les nazis. Deuxièmement, l’excision des îles Chagos de Maurice représente une violation flagrante de la résolution 1514 de l’ONU – un acte qui suggère que la décolonisation complète de Maurice n’est pas complètement achevée. Comme l'explique Phillipe Sands, l'avocat britannique engagé par le gouvernement mauricien, en excisant Diego Garcia, les Britanniques ont créé leur dernière et dernière colonie, illégalement devrais-je ajouter !
Dans cette histoire de David contre Goliath, c'est M. Bancoult qui apparaît comme le David inflexible, affrontant avec succès non pas un, mais deux redoutables Goliaths – les États-Unis et le Royaume-Uni – devant les tribunaux internationaux.
Pourtant, dans l'ombre de cette lutte, il est triste de constater que les actions du gouvernement mauricien, passées et présentes, pour soutenir la cause des Chagossiens semblent avoir été motivées davantage par des gains politiques que par une véritable empathie. Il semble que leur action vise davantage à obtenir des gains politiques qu’à assurer le bien-être des Chagossiens déplacés. On ne peut s'empêcher de se demander combien de choses auraient pu être faites pour améliorer la vie de leur propre peuple si seulement leur préoccupation avait été aussi résolue que la détermination inébranlable de M. Bancoult.
M. La demande d'excuses de Bancoult auprès du gouvernement américain est tout simplement significative. Son combat est le combat de tous les Chagossiens, ainsi que de tous les insulaires mauriciens.
Nous nous unissons dans notre appel aux États-Unis, symbole d'espoir et de démocratie, pour qu'ils rectifient la grave injustice qu'ils ont commise et qu'ils se tiennent responsables devant le droit international.

Philippe Sands' Book: The last Colony